2023 : PRINCESS EMPRESS, PHILIPPINES
- Quantité déversée : Environ 1 000 tonnes
- Durée des opérations : 6 mois
- Personnel mobilisé : + 200 opérateurs
Le 28 février 2023, alors qu’il faisait route de Bataan à Iloilo (Philippines) dans des conditions de mer agitées, le pétrolier caboteur Princess Empress, contenant 800 tonnes d’Intermediate Fuel Oil déclare une avarie moteur suivie d’une voie d’eau.
Le Princess Empress coule finalement à environ 7,5 milles marins de Baligawan
Point (Mindoro Oriental) à une profondeur d’environ 400 mètres. Les 20 membres d’équipage pris en charge par le cargo Efes se trouvant à proximité, sont sains et saufs.
Le jour même, des nappes sont observées en surface par les gardes-côtes philippins qui mobilisent des moyens aériens et nautiques pour effectuer des reconnaissances et prélever des échantillons.
La compagnie maritime RDC Reield Marine Services, propriétaire du Princess Empress, mandate la société maritime locale Malayan Towage and Salvage Corp (SALVTUG, ou MTSC) pour effectuer des opérations de récupération en mer (confinement et écrémage) et d’épandage de dispersant sous la supervision des gardes-côtes philippins.
L’épave laisse peu à peu échapper sa cargaison, polluant d’abord une partie du littoral du Mindoro Oriental avant d’impacter l’île de Semirara qui se trouve plus au sud et même Palawan, située à plus de 300 km au sud-ouest.
Le déversement s’effectuant de manière continue à faible débit, les arrivages de polluant se poursuivent pendant plusieurs semaines et dérivent tantôt vers le sud, tantôt vers le nord-nord-ouest, en fonction des vents dominants et des courants.*
De plus, cette catastrophe arrive pendant la pandémie de COVID, compliquant l’intervention et l’organisation de notre équipe au vu du protocole stricte imposé par l’Etat Mauricien.
Ces spécificités ont représenté un grand challenge pour notre société et malgré ces difficultés, qui nous aurons permis de parfaire nos compétences, les opérations de nettoyage ont été effectuées dans le délai initialement proposé.
25 juillet 2020
6 août 2020
11 août 2020
12 août 2020
Du 13 au 18 août 2020
Echouement du MV Wakashio sur le récif de la Pointe d’Esny à Maurice
Des fuites d’hydrocarbures sont détectées
800 à 1 000 tonnes d’hydrocarbures sont déversés en mer selon les autorités mauriciennes
La société Le Floch Dépollution est mandatée par les assureurs du navire, le P&I Club Japan sur les recommandations de l’ITOPF pour effectuer les opérations de nettoyage sur les sites les plus difficiles
Réalisation des surveys/reconnaissances de site par les équipes de Le Floch Dépollution et de l’ITOPF de la Pointe d’Esny jusqu’à la Pointe du Diable ainsi que les îles et ilots environnants pour évaluer l’impact de la pollution et définir les zones prioritaires d’intervention
Rédaction du Plan d’Action en collaboration avec l’ITOPF, présentant les opérations à réaliser
19 août 2020
9 janvier 2021
Fin janvier 2021
Début des opérations de nettoyage par nos équipes
Fin des opérations de nettoyage
Procédure de réception des sites, validation du degré de nettoyage par le CEDRE
Zones d'intervention
Notre société s’est vu attribué les zones les plus impactées par la pollution, c’est-à-dire de Pointe Brocus (Rivière des Créoles) jusqu’à Pointe du Diable (Bambous Virieux), soit + de 20 Km de linéaire présentant divers types de substrats.
Les différents types de substrats
Les Mangroves
Très impactées par la pollution, les mangroves sont des écosystèmes très sensibles et dans lesquels les techniques de nettoyage se doivent d’être les moins agressives possibles afin de ne pas endommager ces sites déjà fortement contaminés par la pollution. Les techniques de « collecte manuelle » et de « flooding/rinsing » sont les seules techniques à utiliser, soit beaucoup de débit et très peu de pression tout en minimisant le piétinement de ces zones par nos opérateurs.
Les zones rocheuses
Ces zones sont très présentes sur le littoral affecté. Les techniques à employer sont la collecte manuelle, le flushing et lorsque c’est nécessaire, le nettoyage à haute pression.
Les structures artificielles
Telles que les jetées, enrochements, quais, murs, constructions diverses... Pour ces surfaces, il a généralement été utilisé la technique de nettoyage à haute pression, très efficace sur ce type de substrats. Les opérations de flushing se sont également révélées être très efficace pour déloger le polluant accumulé entre les roches.
Les zones sableuses
Les zones sableuses étaient peu nombreuses. Afin de récupérer le polluant, notre société a utilisé la collecte manuelle puis en 2nde phase la technique de flushing.
Les techniques de nettoyage
Nous employons différentes techniques en fonction de la quantité d’huile et de la nature du substrat et ceci, dans le respect de la biodiversité et en cherchant constamment à limiter la quantité de déchets issus de la pollution. Ces techniques ont été améliorées et perfectionnées par nos équipes au fil de notre longue expérience dans ce domaine. Etant donné leur efficacité reconnue, nous sommes fiers de n’avoir jamais recours à aucun produits chimiques même biodégradables.
La collecte manuelle
Première technique à employer dans toute intervention et sur tous types de substrats dans le but de retirer les accumulations et débris souillés par la pollution. La collecte manuelle est fastidieuse mais permet une sélectivité lors de la récupération du polluant limitant ainsi les déchets et respectant l’environnement contrairement aux techniques mécaniques, plus agressives.
Le flushing
Technique inventée par Le Floch Dépollution lors de notre intervention en Irak/Koweit au début des années 1990. Elle consiste à injecter un mélange d’eau de mer et d’air à l’aide d’une lance qui est introduite dans le sol afin de faire remonter le polluant en surface ou également dans les enrochements pour déloger l’huile. Le flushing a été majoritairement utilisée sur cet incident, en effet, une des particularités du polluant est qu’il s’est infiltré très rapidement dans le sol. Ce qui a compliqué notre intervention, la plupart du polluant étant invisible à première vue.
Le flooding
Cette technique est utilisée dans les mangroves. A la différence du flushing, la lance n’est pas introduite dans le sédiment et consiste à envoyer un important volume d’eau à faible pression sur les mangroves afin de les rincer et de retirer ainsi le polluant présent sur les racines ou feuilles. Les racines ne sont donc pas affectées ou endommagées lors des opérations de nettoyage.
Le nettoyage haute pression
Une fois la phase de collecte manuelle terminée et dans le cas où une intervention supplémentaire est nécessaire, le nettoyage haute pression à eau de mer chauffée peut être utilisé. Cette technique étant très agressive, elle est employée uniquement sur les surfaces « dures » et à faible sensibilité écologique (tels que les quais, murs en béton, roches…). Elle est aussi très efficace pour nettoyer le bois souillé. La récupération du polluant est effectuée par le biais d’absorbants (barrages, feuilles etc…).
Les autres techniques
D’autres techniques ont été utilisées lors de cette opération à des endroits très spécifiques telles que l’écrémage mécanique, le nettoyage des galets et graviers à la bétonnière…
Les moyens humains
Le Floch Dépollution a mobilisé une dizaine de personnes de France afin d’encadrer ces opérations qui ont nécessité le recrutement de plus de 400 opérateurs au total avec une moyenne journalière à 200 opérateurs, tous formés par notre équipe d’encadrants.
Remerciements
Nous souhaiterions remercier l’ensemble de nos partenaires qui nous ont accompagnés le long de cette opération :
L’ITOPF (Conor BOLAS, Lauren FEAR, Alex HUNT, Franck LARUELLE & Thomas SURGEON), l’équipe de CSA Surveyors (Shoichiro MORIMOTO, Ryo KOBAYASHI & Ryu SENGEN) ainsi que le P&I Club Japan et Vick TAHALOOA de nous avoir accordé une nouvelle fois leur confiance.
Le gouvernement Mauricien pour nous avoir accueilli sur cette magnifique île et en particulier Mr Muhammad Luqman MAGHO pour son implication dans nos opérations.
L’ensemble de nos opérateurs qui ont œuvrés 6 jours sur 7 pendant 6 mois dans des conditions météorologiques parfois très difficiles. Sans leur implication et motivation, nous n’aurions pu mener à bien cette intervention.
Le CEDRE (Ivan CALVEZ) pour la validation de nos travaux.